2006

L’economie politique des découvertes maritimes

por Luiz Felipe de Alencastro

Ce texte reprend l’œuvre magistrale de Vitorino Magalhães Godinho et vise à résumer la problématique politique et économique des Découvertes[1]. La période en question fait référence aux années 1450-1640, le “long XVIe siècle” qui commence lors des premières découvertes ibériques et finit avec le dénouement de la guerre de Trente Ans” (1618-1648) lorsque les “vieux pays capitalistes” sont surpassés par le commerce d’outre-mer des “nouveaux pays capitalistes” du nord de l’Europe, l’Angleterre et la Hollande.

Les motivations économiques et religieuses des découvertes portugaises sont déjà largement étudiées. Néanmoins, les buts géopolitiques qui découlent de la rivalité de l’Espagne et du Portugal n’ont pas reçu la même attention. Surtout dans la perspective d’un débat d’historiographes sur le caractère non économique du colonialisme lusitanien[2].

L’EXPANSIONNISME DE PRÉEMPTION

L’expansion portugaise outre-mer apparaît dans un royaume menacé périodiquement, dans un État soumis à la pression politique espagnole et, plus tard, à la pression économique anglaise. Dans ce contexte, la Couronne portugaise crée un expansionnisme préventif, “de préemption”, pour gagner des territoires d’outre-mer qui pourraient être occupés, le cas échéant, par Madrid[3], d’où l’extraordinaire abstraction géopolitique négociée entre les deux capitales ibériques dans le traité d’Alcáçovas (1479), qui reconnaissait la souveraineté de Lisbonne sur Madère, les Açores et l’Afrique noire tout entière, et dans le traité de Tordesillas (1494), établissant des frontières communes encore à venir, dans des lieux lointains qui n’ont pas encare été atteints, “de ce qui, jusqu’à présent, reste à découvrir dans la mer Océane”, tel que le spécifie une disposition du traité, partageant domaine et empire sur des mers, des territoires et des peuples encare ignorés[4].

L’expansionnisme de préemption” se manifeste depuis le début des Découvertes. C’est l’expédition franco-espagnole qui aura mené le Portugal à l’occupation préventive des îles vers 1416-1426, inaugurant ainsi les expéditions qui permirent de découvrir les Canaries (1424), les Açores (1431-1439) et le Cap-Vert (1456-1462)[5]. Tout comme l’avancée assurée à l’Espagne dans l’océan Pacifique par la première expedition de Magellan (1520-1521) et surtout par la découverte de la voie Est­ Ouest, du Mexique aux Philippines, par Álvaro de Saavedra (1527- 1528), amène les Portugais à se protéger, en occupant des ports et en installant des comptoirs commerciaux tout au long du chemin de Goa­ Macao, voie principale du commerce asiatique. C’est encore l’expansionnisme préventif qui a poussé les voiles portugaises sur toute la longueur de la côte atlantique sud-américaine; et, dans la seconde moitié du XVIe siede, l’estuaire du Rio de la Plata devient un des points critiques de tension frontalière entre l’Espagne et le Portugal qui divise la planète[6].

La cartographie de la route Portugal-Açores dans le second quart du XV ” siècle avait résolu le problème primordial du retour des navigateurs de l’Atlantique: à partir de l’archipel des Açores, une véritable autoroute maritime, formée par les vents variables et les vents dominants de sud-ouest, ramenait les navires vers la côte portugaise. Auparavant, avant d’emprunter cette route, les bateaux qui naviguaient vers le sud devaient affronter des vents contraires lors de leur retour et ils risquaient de se perdre lorsqu’ils abordaient la côte africaine de la zone subsaharienne, dominée par les ennemis musulmans[7]. Dans ces circonstances, la possession des Açores représente, hier comme aujourd’hui, un atout décisif dans l’espace atlantique. De façon très significative, l’expansion portugaise aux XVe et XVIe siècles s’approprie les points clés des voies de communication mondiales du passé et du présent. Açores, Cap-Vert, Saint-Tomé et Mina (au sein du golfe de Guinée), Luanda et le Brésil (des deux côtés de l’Atlantique Sud), Goa, Ormuz (dans le goulot du golfe Persique), Mascate (dans le golfe d’Oman, Malaca (voisine de la Singapour actuelle, dans le détroit de Malaca, voie d’acces à l’Extrême-Orient), Macao (sur la côte de Canton, au sud de la mer de Chine) se situent à l’embranchement des routes stratégiques de la planète.

Les grandes voies du commerce maritime, balisées par toute une constellation d’entrepôts fortifiés portugais, rend évidente l’intention de mondialisation des Découvertes. Il faut souligner le caractère éminemment maritime et marchand d’une politique qui, à l’exception de Madère et des Açores, face à des extensions portugaises presque continentales, ne prend une allure de peuplement nettement colonial que dans une zone déterminée, et ceci beaucoup plus tard: au Brésil, au cours du XVIIIe siècle. De ce point de vue, la typologie qui distingue “colonie de peuplement” de “colonie d’exploration” – très souvent évoquée dans l’historiographie brésilienne – n’atteint pas la spécificité du cadre politique et marchand qui recouvrait les deux premiers siècles du système colonial. Formulée par Leroy-Beaulieu à la fin du XIX e siècle, une telle conceptualisation s’applique à la seconde expansion européenne – qui a eu lieu entre 1870 et 1956 (expédition anglo-française dans le canal de Suez), lorsque la suprématie militaire de l’Occident, rendue possible par la Révolution industrielle, assurait aux métropoles colonisatrices le domaine effectif des territoires et des peuples natifs d’outre-mer, mais pas à la première expansion (du XVe au XVIIe siècles)[8]. À l’inverse, l’analyse de Karl Polanyi sur le port of trade (port de commerce) présente une plus grande consistance historique avec le réseau d’enclaves et d’entrepôts fortifiés qui caractérisait l’outre-mer portugais jusqu’à la Restauration (1640), avant que l’empire de l’Atlantique (Brésil et Angola) ne dépasse l’empire portugais d’Orient (l’Inde, l’Insulinde et la Chine)[9].

Macao, établissement portugais depuis 1557 et dernière enclave européenne en Asie contemporaine, n’a jamais été une colonie de peuplement jouissant du contrôle total de son territoire ni une colonie d’exploitation basée sur une activité productive locale. En revanche, il a toujours répondu aux fonctions de port de commerce, d’entrepôt, de place offshore d’intermédiation commerciale tolérée par Pékin. “La paix dont nous jouissons avec le roi de Chine est selon sa volonté”, écrivait en 1635 le chroniqueur de l’Inde, Antonio Bocarro. Un siècle et demi plus tard, l’évêque-gouverneur de Macao réitérait: “Nous ne pouvons pas résister avec force à un ordre [de l’empereur de Chine… ], l’empereur en un instant mettrait dans cette ville, à l’improviste, tant de Chinois que chacun d’eux, en lançant dans ce fleuve [de Macao] une seule de ses chaussures en boucherait l’estuaire.”

Rien ne résume mieux les dissemblances existant aux quatre coins de l’Empire portugais que les destinées opposées de la cité de Dieu de Macao et de São Paulo de Piratininga, fondée à la même époque que la cité chinoise: à la veille de la rétrocession de cette enclave à la Chine, en 1999, et au bout de quatre siècles et demi de “colonisation” portugaise, 3 % à peine des habitants de Macao parlent le portugais et seulement 20 % d’entre eux ont la nationalité portugaise.[10]

Malgré le poids relatif du gouvernement général de Bahia, nonobstant toute une tradition d’études brésiliennes qui cherche à élaborer une histoire “nationale” à partir de la première messe célébrée à Porto Seguro, l’Amérique portugaise – formée par un archipel de zones économiques dispersées dans l’État du Brésil et dans l’État de Maranhão, ayant peu ou aucune communication entre elles – constitue juste une expression géographique aux XVIe et XVIIe siècles. En vertu du système de vents, de courants et de commerce prédominant dans l’Atlantique Sud, l’Amazonie proprement dite, le Maranhão, le Pará et le Piauí demeurent dissociés du reste du Brésil, tandis que l’Angola s’agrège fortement à lui. Loin de toute maladresse de la bureaucratie du royaume, l’établissemem en 1621 de l’État du Pará et du Maranhão, avec un gouvernement séparé de l’État du Brésil, répond parfaitement à la carte de la géographie commerciale de l’époque de la navigation à voile. Propagandiste du Maranhão, c’est-à-dire de l’Amazonie, qu’il considère comme la terre promise pour “les pauvres du Portugal”, auxquels il dédie son livre publié en 1624, le capitaine Symão da Sylveira affirme: “Le Maranhão c’est le Brésil en mieux, et plus proche du Portugal que tous les autres ports de cet État, mis en déroute très facilement face à la navigation [de Lisbonne] [… ] Et, car cette terre est ainsi, S. M. a fait un gouvernement séparé de celui du Brésil[11].”

A cause de la non-intégration économique de son territoire, le Brésil a été très longtemps perçu comme un territoire insulaire. Même lorsque les cartes avaient depuis longtemps déjà enregistré les contours du continent de l’Amérique portugaise, certaines chancelleries au XVIIe siècle en Europe se référaient encore à la colonie comme s’il s’agissait d’une Île. Île Brésil[12], tel est le nom donné au domaine portugais en Amérique dans un document présenté en 1659 par des diplomates français qui négociaient, à Paris et dans d’autres capitales européennes, les relations internationales après la guerre de Trente Ans[13].

En conclusion, il faudrait rappeler Fernand Braudel et, avant lui, Lucien Febvre: l’important c’est la réalité qui est encadrée et non pas le cadre territoriel[14]. Ce n’est qu’après l’exploitation de l’or du Minas Gerais que commence à émerger, à l’intérieur des domaines portugais d’Amérique du Sud, une véritable territorialité, une division interrégionale du travail autour d’un marché ou les vendeurs som dominants (sellers’market).

Étant donné ce tableau international, il convient de pointer les facteurs internes qui ont donné son élan à l’expansionnisme portugais.

LA COLONISATION MONARCHIQUE

Dans l’éventail des recettes fiscales de la monarchie portugaise, il faut souligner la sisa, un impôt général sur tout achat ou vente de bien ou marchandise[15]. L’importance de cet impôt aux XVe et XVIe siècles démontre que les recettes royales se basent sur la circulation et non pas sur la production de richesses[16]. Avec l’avènement des Découvertes, les revenus des échanges d’outre-mer surpassent les revenus obtenus par les recettes du commerce intérieur du royaume. Vers 1520, les recettes captées sur le commerce d’outre-mer dépassent déjà le tiers des tributs et taxes perçus dans la métropole par le Trésor royal[17]. En plus, profitant des entrepôts fortifiés construits sur les trois continents, la famille royale et les nobles portugais investissent aussi dans les projets outre-mer, ils participent directement au grand commerce océanique et en retirent du profit[18].

Cherchant à éviter les impôts directs, rejetés par l’aristocratie et le clergé, la monarchie développe un système fiscal d’attribution, vend des concessions de commerce et la perception de l’impôt dans ses domaines d’outre-mer. Ce processus économique s’insère dans le contexte doctrinaire de l’époque. En effet, la vente du monopole royal à des contractants et percepteurs privés ne représente pas tant un acte unilatéral du pouvoir monarchique, qu’une contrepartie aux droits consacrés de la monarchie: le roi évangélise les païens des terres lointaines, en ouvrant par la même occasion de nouvelles zones de commerce pour l’Europe. Aussitôt, le monarque a le “droit et le devoir”, selon la formule des chartes papales octroyées à la Couronne portugaise, de conserver pour soi le monopole océanique ou de le céder aux marchands moyennant comributions.

Ces caractéristiques de l’État portugais sont bien connues des historiens. A propos du royaume de Dom João II (1481-1495) et de la transition de la “monarchie agraire” à “l’empire océanique”, João Lúcio de Azevedo écrit: “Le maître de la nation était, à partir de ce moment­ là, un marchand comme auparavant il avait été agriculteur[19].” À propos de la concentration des richesses aux mains du roi, au XVe siècle, Manuel Nunes Dias étudie l’apparition d’un “capitalisme monarchique[20]“. Prenant en compte l’influence de l’aristocratie foncière, dont les intérêts vont peser, plus tard, sur l’accord économique anglo-portugais signé dans le traité de Methuen (1703), Magalhães Godinho définit “un empire océanique, commercial mais aussi foncier et agricole[21]” . Au total, les impôts indirects sur la circulation intérieure de marchandises et plus encore ceux sur le commerce extérieur assurent les fonds du Trésor royal depuis le XVIe siècle. II faut souligner que l’Angleterre et la France n’ont introduit un impôt similaire aux sisas, les accises, qu’à la moitié du XVIIe siècle[22].

Ces traits historiques de l’appareil d’État portugais sont à mettre en corrélation avec les sphères politiques définies à trois niveaux distincts. Au premier niveau se dessinent les rapports de force qui se cristallisent dans la métropole. En évitant une confrontation avec la classe des seigneurs, les ordres et confréries religieuses sur le terrain décisif de l’impôt, le pouvoir monarchique tire des revenus et s’associe au commerce extérieur. De cette façon, lorsqu’elle stimule l’expansion maritime, la royauté arrive à augmenter ses gains sans porter préjudice aux pouvoirs et aux fonctions des groupes sociaux privilégiés de l’ancien régime[23].

Un autre facteur qui découle de la composition de la bourgeoisie marchande portugaise a accentué le mouvement outre-mer. II est certain que la vente de la perception fiscale aux acquéreurs absorbait les capitaux des marchands, les retirant du circuit économique. Mais il est vrai aussi que l’Inquisition agissait avec force dans le sens contraire, stimulant involontairement la cristallisation du capital marchand. Fréquemment d’origine juive, la bourgeoisie marchande portugaise était empêchée – par le veto de l’Inquisition – d’acquérir des titres, des terres, des postes et fonctions administratifs ou honorifiques. De cette façon, elle ne pouvait pas “dévier” ses capitaux du circuit commercial et bancaire pour les “stériliser” dans des activités improductives et de prestige, à l’exemple de ce qui se passait pour les bourgeoisies marchandes des autres pays européens. Offrant une protection aux privilèges aristocratiques, aux “chrétiens anciens”, l’Inquisition entravait la “nouvelle féodalité” du capital marchand “nouveau chrétien” au Portugal. Par conséquent, observe Frédéric Mauro, “la bourgeoisie portugaise demeure, pendant le XVIIe siècle, une bourgeoisie d’affaires, bien plus active que les autres bourgeoisies méditerranéennes ou européennes[24]“.

Dans cet ordre d’idées, l’expansion maritime et la migration apparaissent comme cause et effet à la fois du décalage entre la rigidité des structures métropolitaines et la dynamique de la mobilité sociale. Dans les années 1520, le Portugal a environ 1400 000 habitants, l’Espagne pres de 7 millions, la France 16 millions, l’Italie 11 millions[25]. De leur patrie portugaise clairsemée, peu d’hommes, très peu même, pas plus de 2000 par an, sont partis, au XVIe siècle, pour gagner les cinq mers. Madère, Cap-Vert, Bissau, Cacheu, Besiguiche, Mina, Saint-Tomé, Luanda, Benguela, Qielimane, Mozambique, Goa, Diu, Ormuz, Colombo, Malaca, Macao, Laguna, Piratininga, Rio de Janeiro, Salvador, Pernambuco, Maranhão. La racaille du royaume – déshérités, marginaux urbains, commerçants crypto-juifs, bâtards de la petite noblesse, fonctionnaires, militaires, bas-clergé séculier – se déplaçait jusqu’à sa périphérie pour coloniser les terres nouvellement conquises, pendant que des captifs asiatiques, américains et surtout africains étaient déplacés vers le centre des colonies pour travailler dans les champs et les villes métropolitaines[26]. En fait, au XVIe siècle, le nombre d’esclaves introduits dans le royaume n’est pas loin de celui des Portugais qui partent vers les trois continents[27].

La saga tragico-maritime des routards lusitaniens défile dans les pages anthologiques de Peregrinação (1614), que les Brésiliens devraient lire ou relire, en contrepoint à Os Lusíadas, dans le contexte contemporain de défaite du colonialisme portugais en Afrique. Fernão Mendes Pinto et ses compagnons quittent, en 1544, les frontières de la Chine. Amenés au roi de Tartarie, les aventuriers font au souverain le récit de leur parcours ardu qui a duré trois ans, de la lointaine Europe jusqu’à ce point de l’Extrême-Orient. II s’agit d’un des plus surprenants dialogues de la littérature de la Renaissance: “Pourquoi vous vous aventurez à faire de si grands travaux ?” demande le roi des Tartares aux Portugais. Reprenant le fil de son récit, Fernão Mendes Pinto explique:

[… ] lui déclarant alors la raison, par les meilleurs et les mieux parés des mots qui lui venaient, il était un peu en suspens et, hochant trois ou quatre fois la tête, il dit à un vieil homme qui était près de lui: “Que ces gens conquièrent une terre si éloignée de leur patrie, laisse clairement comprendre qu’il doit y avoir parmi eux beaucoup de convoitise et peu de justice.” Ce vieil homme, qui s’appelait Raja Benan, a répondu: “Il semble qu’il en soit ainsi. Car des hommes qui, par entreprise et ingéniosité, volent au-dessus de toutes les eaux, pour acquérir ce que Dieu ne leur a pas donné, ou bien la pauvreté chez eux est telle qui leur fait oublier leur patrie, ou alors la vanité et cécité qui causent leur convoitise sont telles qu’en son nom ils nient Dieu et leurs parents[28].”

Peregrinação révele la prosaique réalité masquée par les “meilleurs et les mieux parés des mots” du discours colonial: la convoitise de la Couronne à la recherche de nouveaux revenus aussi bien que le peu de justice et la pauvreté de la métropole stimulent l’expansion outre-mer.

A un deuxième niveau, on trouve la problématique concernant le statut des colonies et les rapports entre les colons et la métropole.

En Asie, l’exploitation coloniale s’appuie sur un réseau d’entrepôts fortifiés et de ports, terminaux de zones de commerce et de production situés, pour la plupart, en dehors de la souveraineté effective de Lisbonne. Dans ce système, appelé ici de type “asiatique”, doivent être inclus les ports marchands de Sénégambie et du golfe de Guinée, tout comme les enclaves de l’État du Grand-Pará et Maranhão, tributaires des extractions. C’est un fait connu que, pendant le XVIIe siècle, les Portugais seront dominés dans ces régions par d’autres puissances européennes. Bien différente est la situation dans les États du Brésil et de l’Angola. En plus des effets agglutinants induits par la traite des esclaves et par les échanges avec la métropole – effets qui accordent une porosité aux économies de l’Atlantique Sud et consolident le pouvoir impérial dans la région -, ces deux possessions de type “atlantique” sont encore reliées à la métropole par des connexions caractéristiques.

Au Brésil, par ordre du roi, les grandes propriétés de production terriennes – engenhos – sont conçues sur une structure ambivalente, à la fois unités de production et unités fortifiées d’occupation territoriale[29]. En Angola, le progres de la conquête et les changements sociaux suscités par la traite des esclaves noirs apportent un double support aux Portugais: le contrôle du réseau d’échanges terrestres débouchant dans les ports de trafic (Luanda et Benguela); le contrôle d’une couche de marchands itinérants natifs, les “pigeonniers”, subordonnés aux marchands portugais de la côte.

Le contraste entre le système d’exploitation des possessions asiatiques et atlantiques du Portugal devient patent lors du conflit entre le Portugal et la Hollande. Lors de la débâcle de l’Atlantique Sud, les Hollandais occupent des portions entières des domaines asiatiques du Portugal. Protégés par l’économie de production et d’échanges à quoi les attachent les maillons les plus résistants de l’Atlantique portugais, les colons et les marchands du Brésil et d’Angola doivent, néanmoins, prêter allégeance à leur métropole: l’appareil d’État leur assure le monopole sur l’offre de marchandises exportées de ces deux colonies. Cette situation avait déjà été justifiée par Diogo Lopes Rebelo, théoricien de l’absolutisme portugais, qui déclare, en 1496: “Nous sommes obligés de donner des tributs au roi car il milite pour la défense de la Patrie et nous défend des ennemis et des voleurs, assure la paix et la justice entre les hommes, fortifie et reconstruit les forteresses, bref prend du peuple entier, comme de son troupeau, le plus grand soin[30].” Une doctrine que les Cours de 1641 et le Conseil d’État vont adapter aux nouvelles réalités politiques[31].

Le maintien de la présence de l’État portugais en Amérique du Sud et dans certaines parties d’Afrique et d’Asie favorise les colons et commerçants d’outre-mer portugais: l’administration métropolitaine extériorise la violence, la canalisant hors de ses domaines. Lorsqu’il décrit, en 1620, les capitanias [concessions] de Pero Lopes de Souza et celles de son frère, Martin Afonso de Souza, dont les frontières se touchaient au sud, le prêtre Vicente Salvador note que les litiges de terres entre les concessionnaires ont eu lieu après que les colons des quatre capitanias [Rio de Janeiro, Santo Amaro, São Vicente et Sant’Ana] se soient rassemblés et aient vaincu Indiens et envahisseurs français. C’est pour cela, poursuit le prêtre historien: “[… ] que se vérifie [au Brésil] ce que le capitaine Scipion l’Africain avait dit au Sénat de Rome, qu’il faudrait continuer les guerres d’Afrique parce que, si elles s’arrêtaient, il y aurait des guerres civiles entre voisins, comme il y en a eu entre ceux-là [les deux donataires] même s’ils étaient frères, après avoir vaincu les Indiens[32].”

Au troisième niveau, apparissent les questions internationales qui découlent de l’insertion de l’État portugais dans la concertation des nations européennes.

Les traités de Westphalie (1648) ont mis fin à la guerre de Trente Ans et consacrent la fin de l’hégémonie catholique en Europe. Trois religions chrétiennes – luthérienne, calviniste et catholique – sont alors institutionnalisées dans l’espace du Saint Empire Germanique. L’Espagne reconnait, en 1648, l’indépendance des Provinces Unies mais elle poursuit la guerre contre la France jusqu’en 1659 et contre le Portugal jusqu’en 1668. Alors que les puissances catholiques demeurent divisées, la Réforme s’affirme de plein droit dans la politique européenne. Le Seigneur de Naples et de la région de Milan, Philippe IV d’Espagne, maintient des troupes aux abords des territoires pontificaux. De ce fait, l’alliance de Madrid est proprement irrécusable par le Saint-Siège. Déclaré rebelle par la Couronne espagnole, le Portugal de João IV (1640-56) est soumis à des attaques par terre et par mer. Les deux tiers de la marine portugaise sont détruits entre 1640 et 1649. L’Alentejo est, jusqu’en 1668, le théâtre de conflits entre les deux pays. Dans une dépêche de La Haye, où il se trouvait en 1648 comme envoyé diplomatique de D. João IV, le prêtre Antônio Vieira décrit le terrible siège souffert par Lisbonne:

La guerre sévit dans cinq provinces de nos frontières [européennes] et, à plus de cent lieues de côte, pas un pouce de terre ou de mer, dans tout le royaume, qui ne soit exposé à l’invasion de l’ennemi et qui n’ait besoin d’être défendu: nous avons la guerre à Pernambouco, la guerre à Bahia, la guerre en Angola, la guerre aux frontières de l’Afrique et, d’après ce que l’on dit déjà ici [à La Haye] – si ce n’est pas aujourd’hui ça sera demain – la guerre à Goa, à Ceylan, à Malaca, en Chine, enfin, dans toutes les parties de la mer et du monde, soit avec les Espagnols, soit avec les Hollandais, soit avec les Maures et les Turcs[33].

Les problèmes de la Couronne portugaise étaient si grands que Vieira propose l’abandon de Pernambuco et de l’Angola à la Compagnie des Indes occidentales, et la paix séparée avec les Hollandais, pour que le Portugal puisse concentrer ses forces militaires sur la guerre des frontières avec l’Espagne.

Attaqué par Madrid et par la Hollande, mis en quarantaine par le Saint-Siège, le Portugal cherche le soutien de Londres, il préfère l’alliance avec de lointains hérétiques à l’association avec les voisins catholiques. Donnant suite aux divers traités bilatéraux, les Portugais facilitent l’accès des marchands et des marchandises anglaises aux zones qu’ils contrôlent en Asie, Afrique et Amérique. Les concertations mondiales entre Lisbonne et Londres sont scellées par trais pactes bilatéraux. Le premier, en 1642, fonde “la dépendance économique et politique du Portugal” [Sideri]. Le second – “un dictat” [C.R. Boxer] – signé en 1654, transforme le pays en “un vassal commercial de l’Angleterre [A.K. Manchester]”. Le troisième, daté de 1661, marque le “point minimum” [Magalhães Godinho] de la souveraineté portugaise[34].

Étant donné la distinction désignée ci-dessus entre l’exploration portugaise en Asie et en Afrique occidentale, d’une part, et en Atlantique Sud, d’autre part, les avantages obtenus par l’Angleterre ont des implications différentes. En Asie, surtout en Inde, les Anglais empochent des gains commerciaux et territoriaux. Ils acquièrent le droit de maintenir des marchands à Goa, Cochim et Diu, mais aussi le contrôle de Bombay. Avec Madras et une enclave à Hughli, occupés à cette même époque, Bombay constitue le noyau régional à partir duquel s’étendent la East India Company et, plus tard, l’Empire britannique en Inde. Pour Londres, l’accord portugais en Asie était d’autant plus nécessaire que la East India Company, fondée en 1635, semblait dépourvue de capitaux et de navires si on la compare à sa rivale hollandaise, la Compagnie réunie des Indes orientales (VOC)[35]. Incapable de s’imposer en Asie par sa propre force, la compagnie anglaise devait traiter directement avec les rois asiatiques ou recourir à Lisbonne pour s’infiltrer dans les circuits commerciaux et politiques que les Portugais avaient tissés dans cette partie du monde[36]. En Afrique du Nord, les Anglais reçoivent la place de Tanger. Un atout décisif est aussi obtenu par Londres sur la place de Lisbonne, ou des marchands anglais jouiront du droit d’extraterritorialité et de franchises qui facilitent l’introduction de marchandises au Brésil, par l’intermédiaire des ports et des commerçants portugais. Depuis lors, le commerce de réexportation et de contrebande joue un rôle important dans la continuité de la présence portugaise outre-mer.

Dans la négociation mondiale entre Londres et Lisbonne, il y avait deux cas de figure. Là ou l’intérêt résidait dans l’accès de marchandises produites hors du contrôle métropolitain, comme en Asie et dans le golfe de Guinée, l’Angleterre cherchait à obtenir la libre circulation de ses marchands. A l’inverse, dans des régions comme le Brésil et, à un moindre degré, l’Angola, ou l’organisation de la production coloniale durcissait le noyau portugais outre-mer, les Anglais ne revendiquaient que la libre circulation de leurs marchandises.

Malgré le jugement sévere proféré par les historiens cités ci-dessus, les traités de 1642, 1654 et 1661 comprenaient des avantages politiques pour Lisbonne. L’alliance anglo-portugaise ouvre la voie au traité de paix hispano-portugais de 1668 et à la normalisation des rapports entre le Portugal et le Saint-Siège. Ainsi, la souveraineté portugaise se consolide en Europe et de nouvelles bases juridiques et diplomatiques fondent la domination portugaise au Brésil, dans les îles atlantiques, en Sénégambie, Angola, Mozambique et dans certaines enclaves d’Orient. Une bonne partie de l’Asie est perdue mais ce qui en restait dans l’Atlantique Sud était assuré par la Pax Lusitana[37].

Abdiquant la souveraineté impériale au profit de l’Angleterre, le Portugal restaure l’autonomie de son territoire métropolitain au détriment de l’Espagne et l’inaliénabilité du domaine métropolitain est assurée par l’inaliénabilité du domaine colonial.

Dans une lettre adressée, en 1672, à D. Rodrigo de Meneses, noble de grande influence auprès du prince D. Pedro, le prêtre Antônio Vieira – fin diplomate et penseur politique qu’une tradition littéraire brésilienne s’entête à ne présenter qu’en orateur chrétien et styliste baroque – souligne l’utilité éminemment politique des conquêtes:

L’Angleterre, la France et la Hollande ont toutes les yeux tournés vers les conquêtes et n’en ont pas d’autres à regarder à part les nôtres, que seules des armées prêtes sur le fleuve Lisbonne peuvent défendre, et même si elles y pourrissent, inutilement semble-il, elles seules sont les murs des conquêtes. Et nous n’avons pas honte que le monde sache que notre armée dispose de trois frégates ! La raison pour laquelle les nations ci-dessus s’emploient avec autant d’énergie au pouvoir maritime est surtout l’utilité des commerces, il est connu de toutes les couronnes et républiques, par expérience, que ce n’est qu’en commerçant qu’elles se feront opulentes […]. Mais, Seigneur, tel n’est pas notre cas [du Portugal]. Je ne veux pas que nous soyons [38]riches, je veux seulement que nous connaissions nos faiblesses et notre péril évident, et que nous tâchions de prévenir ce qui est précisément nécessaire pour conserver la liberté, le Royaume et les Conquêtes; et, encore que nous connaissions et souffrions de tant de discrédits, l’impossibilité des quelques pouces de terre que Dieu nous a donnés en Europe, pourquoi nous n’allons pas nous prévaloir de notre situation, de nos ports, de nos mers et de nos commerces, par lesquels Dieu nous a améliorés et avantagés face aux nations du monde?

Pour Antônio Vieira, l’expansion outre-mer devait assurer des biens beaucoup plus précieux que l’évangélisation des païens ou les revenus du Trésor royal. “La Liberté, le Royaume, les Conquêtes.” Tels étaient les biens essentiels des Portugais mis en péril par la menace internationale générée par la Restauration. Tel était son ordre hiérarchique: tout d’abord, la liberté; en second, le royaume; et en troisième lieu, et comme garant des deux premiers, venaient les conquêtes, les colonies. Les colonies servent pour que nous soyons libres, non pas pour que nous soyons riches, semble dire, en résumé, le prêtre Antônio Vieira. Deux cents ans plus tard, par la voix de João da Ega, Eça de Queirós ironise, dans Os Maias (1888) sur le jeu réitératif, mais efficace, qui guidait la politique extérieure portugaise: “Personne ne consentirait à laisser tomber aux mains de l’Espagne, nation militaire et maritime, cette belle ligne côtière du Portugal. Sans compter les alliances que nous aurions en échange des colonies – colonies qui ne nous servent, telle I’argenterie aux héritiers ruinés, que pour donner petit à petit en gage en cas de crise […][39].”

Ainsi se clôt le cercle de fer qui définit l’horizon portugais après la Restauration. Par les expéditions de groupes métropolitains privilégiés, l’État tire ses revenus du commerce étranger, en stimulant, à son tour, I’expansion maritime (a); celle-ci lui assure des territoires et marchés outre-mer qui, cédés ou entrouverts au commerce anglais, servent de gage à I’alliance anglo-portugaise (b) ; ce qui assure ainsi l’indépendance du Portugal ,qui, à son tour, légitime la monarchie, permettant que l’appareil d’Etat se superpose aux institutions et aux structures métropolitaines et coloniales (c).

Traduit par Germaine Mandelsaft

Notas

  1. Vitorino Magalhães Godinho, Os descobrimentos e a economia mundial, Lisboa, 1981-1983, 4 vol.
  2. Cf par exemple, le livre de Richard Hammond, Portugal and Africa 1815-1910, a study of un economic imperialism, Standford, 1966, et soutenant la thèse contraire, Gervase Clarence-Smith, The Third Portuguese Empire 1825-1975, Manchester, 1985.
  3. Les stratèges contemporains utilisent le concept de “guerre de préemption” pour désigner la guerre d’anticipation, préventive, déclenchée dans la présomption que l’ennemi mènera inéluctablement à terme l’attaque, selon certains paramètres géographiques. C’est dans ce sens que j’emploie ici l’expression “expansionnisme de préemption”.
  4. João Martins da Silva Marques (org.), Descobrimentos Portuqueses, Documentos para sua história (1461-1500), Lisboa, 1973, vol. III, pp. 432-440.
  5. Harold B. Johnson, “The Portuguese Settlement of Brazil 1500-1580”, in L. Bethell (org.), The Cambridge History of Latin America (CHLA), Londres, 1986, vol. 1, pp. 250-251.
  6. Idem, ibidem, pp. 257-258.
  7. Jaime Cortesão, Os Descobrimentos pré-colombinos dos Portugueses, Lisboa, 1997, pp. 87-168.
  8. Paul Leroy-Beaulieu, De la colonisation chez les peuples modernes, Paris, 1874. lntroduite au Brésil par Caio Prado Júnior, l’analyse de Leroy-Beaulieu est reprise par Fernando Novais, Portugal e Brasil na Crise do antigo sistema colonial (1777- 1808), São Paulo, 1979, pp. 69-72 et note 3, page 67.
  9. Karl Polanyi, “Ports of Trade in Early Societies”, in G. Dalton (org.), Primitive, Archaic and Modern Economies Essays of Karl Polanyi, Boston, 1971, PP· 238-260.
  10. C.R. Boxer, “Dares-e-tomares nas relações luso-chinesas durante os séculos XVII e XVIII através de Macau”, in Estudos para a história de Macau, Lisboa, 1991, T. I, p. 183.
  11. Symão Estácio da Sylveira, Relação sumária das cousas do Maranhão dirigida aos pobres deste reyno de Portugal (1624), Lisboa, 1911, p. 36. Dans le cadre, des réformes du XVIIIe siècle, les deux concessions (capitanias) réunissant les actuels États de Pará, Maranhão et Amazonas, Rondônia et Amapá se réinserent dans l’Etat du Brésil en 1752.
  12. En français dans le texte (NdT).
  13. Document diplomatique français daté de 1659, Recueil des instructions données aux ambassadeurs et ministres de France depuis les traités de Westphalie jusqu’à la Révolution française, vicomte de Caix de Saint-Aymour (org.), Paris, 1886, “Portugal” – vol. III, p. 84, Nº 1.
  14. Lucien Febvre, La Terre et l’évolution humaine, Paris, 1922, p. 336.
  15. João Cordeiro Pereira, “O orçamento do Estado português no ano de 1527”, Nova História, Lisboa, 1984, Nº 1, pp. 27-65; José Manuel Subtil. “A administração central da Coroa”, in J. Mattoso (org.), História de Portugal, Lisbonne, 1993, vol. III, pp. 78-105, surtout pp. 99-103.
  16. Pour la spécification des recettes de la Couronne portugaise entre 1477 et 1619, voir Vitorino Magalhães Godinho, Ensaios, II, Sobre história de Portugal, Lisbonne, 1978, pp. 66-69.
  17. Vitorino Magalhães Godinho, “Portugal no começo do século XVI: instituições e economia – o relatório do veneziano Lunardo da Cá Masser”, in Revista de História Econômica e Social, 1979, Nº 4, pp. 75-88.
  18. Vitorino Magalhães Godinho, “Finanças Públicas e estruturas do Estado”, in J. Serrão et al, Diciondrio de História de Portugal, Lisbonne, 1963-1971, vol. II, pp. 244-64.
  19. João Lúcio de Azevedo, Épocas de Portugal Econômico (1928), Porto, 1978, p. 82.
  20. Manoel Nunes Dias, O capitalismo mondrquico português 1415-1549. Contribuições para o estudo das origens do capitalismo moderno, Coimbra, 1963-1965, 2 vols.
  21. V.M. Godinho, Os Descobrimentos e a economia mundial, vol. I, p. 47.
  22. Gabriel Ardant, “Financial Policy and Economic Infrastructure of Modem States and Nations”, in Charles Tilly (org.), The Formation of National States in Western Europe, Princeton, 1975, pp. 164-242.
  23. Margarida Sobral Neto, “A persistência senhoral”, in J. Mattoso (org.), História de Portugal, pp. 165-75.
  24. F. Mauro, “La bourgeoisie portugaise au XVII° siècle”, in Études économiques sur l’expansion portugaise, Paris, pp. 15-36. Etayé par les analyses du XVIIe siècle du prêtre Antônio Vieira, Armando Castro écrit que les activités de l’Inquisition affaiblissent la bourgeoisie marchande et princière au profit de l’aristocratie. Mais son argument ne contredit pas le point de vue de Mauro sur les nouveaux chrétiens (A. Castro, Doutrinas econômicas em Portugal XVIe et XVIIe siècles, Lisbonne, 1978, pp. 78-80). Pour l’analyse de l’Inquisition dans le cadre des luttes de classes du Portugal moderne, voir Antônio José Saraiva, lnquisition et nouveaux chrétiens, Lisbonne, 1985. Pour une approche plus large et comparative, qui discorde ponctuellement de l’interprétation de Saraiva, Francisco Bethencourt, História das Inquisições em Portugal, Espanha e Itália, Lisbonne, 1994, p. 128.
  25. “Démografia portuguesa na época dos Descobrimentos e da Expansão”, in Luís de Albuquerque (org.), Dicionário de história dos Descobrimentos Portugueses, Lisbonne, 1994. vol. I, pp. 342-352; Vitorino Magalhães Godinho, Mito e mercadoria, utopia e prdtica de navegar, séculos XIII-XVIII, Lisbonne, 1990, p. 375.
  26. Vers 1550, les esclaves surtout africains constituaient 10 % de la population à Lisbonne et Évora, tout comme dans l’Algarve. Au niveau national les esclaves représentaient de 2,5 % à 3 % de la population. A.C. de C.M. Saunders, A social history of black slaves and freesmen in Portugal 1441-1555, Londres, 1982, pp. 47-60.
  27. Vitorino Magalhães Godinho, “L’émigration portugaise aux XVe-XXe siècles”, in Revista de História Econômica e Social 1978, vol. I, pp. 5-33.
  28. Fernão Mendes Pinto, Peregrinações & Cartas (1614), Lisbonne, 1989, chap. CXXII, p. 451.
  29. Surtout par l’obligation imposée aux grands seigneurs terriens de disposer d’armements et de fortifier leurs propriétés. “Primeiro Regimento que levou Tomé de Souza, Governador do Brasil” (1548), in Revista do Instituto Histórico e Geográfico Brasileiro, 1898, T. LXI, pp. 46-50.
  30. J. C. Pereira, “O orçamento do estado português no ano de 1527”, pp. 27-65; Diogo Ramada Curto, “A formação dos agentes”, in ]. Mattoso (org.), História de Portugal, pp. 115-147.
  31. Vitorino Magalhães Godinho, “Restauração”, in J. Serrão et al, Dicionário de história de Portugal, vol. III, pp. 609-627.
  32. Frei Vicente do Salvador, História do Brasil 1500-1627(1627), 7e éd. São Paulo, 1982, pp. 104-105.
  33. Cartas do Pe. Antônio Vieira, in J.L. de Azevedo (org.), Lisbonne, 1925, vol. I, p. 144.
  34. Sandro Sideri, Trade and Power, informal colonialism in Anglo-Portuguese relations, Rotterdam, 1970 (trad. port., Lisbonne, 1978, p. 39); C.R. Boxer, “Vicissitudes of the Anglo-Portuguese Alliance 1660-1700”, Revista da Sociedade de Letras, 1958, Lisbonne, vol. III, p. 16; Alan K. Manchester, British preeminence in Brazil, 1933, trad. brés., São Paulo, 1973, p. 30; V.M. Godinho, “Restauração”, op. cit., p. 625.
  35. Au sujet des difficultés de la voe, Mark Vink et George Winius, “South India and the China Seas: how the VCO Shifted its Weight from Chine & Japan to India around A.D. 1636”, in Artur Teodoro de Matos et Luís Filipe F. Reis Thomas, As relações entre a India Portuguesa, a Asia do Sudeste e o Extremo Oriente, Macau, 1993,pp. 125-140.
  36. D. K. Baset, “Early English trade and settlement in asia 1602-1690” in ].S. Bromley et E.H. Kossman (orgs.), Britain and the Netherlands in Europe and Asia, Londres, 1968, p. 100.
  37. Cf à ce sujet, L.F. de Alencastro, Le Commerce des vivants: Traite d’esclaves et “Pax Lusitana” dans l’Atlantique Sud, XVe-XIXe siècles, Université Paris X (Nanterre), 1985-1986, 3 vols.
  38. Cartas do Pe. Antônio Vieira, vol. II, pp. 104-105.
  39. Eça de Queirós, Os Maias (1888), Europa-América, Lisbonne, s.d., pp. 141-142.